QUAND LA FILIÈRE PASSE AU VERT


 

 

« Écologie et économie sont conciliables »

 

Année après année, de plus en plus d’acteurs du secteur essaient de répondre progressivement aux préoccupations du développement durable. Ce qu’il faut souligner d’emblée, c’est que la bonne volonté des uns et des autres- lunettiers, industriel du verre, Laboratoire de contactologie et mêmes opticiens- ne suffit pas à « verdir » totalement l’offre. Encore faut-il que cela suive du côté de la demande. Or, de ce point de vue soyons objectifs, les porteurs ne sont pas tout à fait exemplaire. « Le sujet n’est pas encore préoccupation prioritaire pour les porteurs » estime Dominique Cuvillier, spécialiste des tendances en lunetterie est observateur avisé de l’évolution des modes de consommation. Autant les gens commencent sérieusement à faire attention à ce qu’ils ont dans leur assiette, autant pour les lunettes ils sont assez peu… regardants. Dit autrement, il y a un fossé entre le déclaratif des sondages – les consommateurs se montrent toujours massivement favorables, bien sûr, à consommation plus respectueuses de l’environnement ; ils ne vont pas dire le contraire – et les critères de choix des porteurs dans leurs achats. Pour s’en convaincre si besoin est, il suffit de se pencher sur les dernières éditions du Baromètre de la santé visuelle réalisé par Opinion Way pour l’Asnav :la dimension éco responsable du produit n’est jamais mentionnée par les porteurs. Et dans les enquêtes du cabinet Galileo Business Consulting, qui s’intéressent régulièrement aux critères de choix par le client d’un opticien plutôt que telle autre, on ne trouve pas trace non plus de cette préoccupation chez les porteurs… «le public est quand même de plus en plus averti, considère pour sa part Carole Riehl. Les mentalités évoluent de tous les côtés et il faut encourager les bonnes volontés, sensibiliser encore et encore ceux qui veulent bien faire, aussi bien du côté des producteurs-fournisseurs que du côté des acheteurs, sans oublier, bien sûr, les distributeurs que sont les opticiens », déclare, très optimiste et volontaire, cette opticienne qui a chaussé des lunettes écolos dans sa vie professionnelle et privée (en temps que famille «zéro déchet ») et se présentent volontiers comme une « greener mummy ». Après 20 ans d’exercice en magasin, cette « opticienne engagée » s’est lancée à plein temps dans l’évangélisation, si on peut dire, de la profession. À travers un blog baptisé Lunettes écologiques, Elle a d’abord effectué un travail de veille, testant et répertoriant ensuite les marques qui lui semblent authentiquement écoresponsables. En cinq ans d’un minutieux travail qu’elle aura été la première à réaliser, Elle a recensé 80 marques. C’est à la fois peu et beaucoup. Peu, si on considère que l’offre pléthorique qui existe sur le marché – Rien qu’au Silmo, par exemple, il y a 1300 marques. Mais beaucoup si on revient en arrière : « En 2014, les marques qui cultivaient une approche écoresponsable ne se bousculaient pas au portillon », rappelle Carole Riehl . Aujourd’hui la jeune femme s’est professionnalisée et se consacre entièrement à cette activité sous la forme des conférences et surtout d’un accompagnement des opticiens qui entendent, petit à petit se reconvertir à l’éco responsabilité. Les différentes formules de coaching qu’elles proposent doivent permettre aux opticiens d’effectuer « une transition écologique » tout en douceur. Et l’intéressée, forte de son expérience, de balayer d’emblée les idées reçues : « il faut d’abord convaincre ceux qui ont encore des réticences à s’engager dans cette voie qu’il ne s’agit pas de contrainte et que ce n’est pas coûteux comme on pourrait le croire ». Façon de dire que l’écologie et l’économie sont compatibles ? « Mais oui, les deux sont conciliables » insiste-t-elle, expliquant que le souci de l’aspect environnemental se traduit la plupart du temps par un impact économique positif. Maîtrise de la consommation d’énergie du magasin, optimisation du fonctionnement de l’atelier, souvent énergivore, sélection de lunettes en suivant en circuit Court, autant d’exemples concrets qui, assure-t-elle avec une conviction communicative, peuvent faciliter la « bascule des opticiens vers un nouveau paradigme ». Et parmi les projets récents ou en cours de Carole Riehl, signalons la mise en place d’un annuaire des opticiens adoptant des comportements vertueux en matière de positionnement écologique mais aussi, à venir, la mise sur pied de labellisation sous le nom « Optic for Good » : « il s’agira d’une appellation contrôlée pour un meilleur repère écoresponsable », annonce-t-elle sur son site. Histoire de rendre totalement transparente et tangible l’implication des opticiens qui tiennent à voir la vie en vert.

 

Autant les gens commencent sérieusement à faire attention assez qu’ils ont dans leur ASSIETTE, autant pour les lunettes ils sont assez PEU…  Regardants. »

 

-Des lunettes qui riment avec planète

 

Un nombre grandissant de marques de lunettes cherchent à se convertir dans l’éco-responsabilité. Et cela passe avant tout par le choix du matériau. D’où vient-il ? Est-il éco-conçu ? Tous ses composants sont-ils traçables ? Est-il recyclé ou recyclable ? Ce sont les questions que De plus en plus de créateurs et de fabricants se posent au moment de choisir un matériau respectueux de l’environnement, que ce soit pour donner le jour a une collection complète ou pour seulement proposer, mais c’est déjà ça, quelques modèles Écofriendly, suivant un terme maintenant consacré. Recyclage des plastiques, développement de Bio acétate ou de composites (dans lesquels l’acétate se mélangent par exemple de la fibre de bois) mais aussi utilisation de plus en plus importante de matières naturelles issues de la mer, de la forêt ou de la terre (du bois aux algues en passant par le liège, le carton ou encore le coquillage ou les pierres), la création lunetière à bien des ressources à disposition pour, coûte que coûte, faire rimer envie de lunettes et soucis De la planète.

 

Lunetiers : acétate BIO, MONTURE sans nickel, DÈCHETS valorisés…

Chacun à leur manière, ces trois fabricants s’engagent en faveur d’une production Plus soucieuse de l’environnement ET /OU du bien-être des porteurs…

 

Fruit d’une année de travail pour Opal, LE lunetier LYONNAIS historiquement spécialisé dans les lunettes pour enfants, A LANCÉ un nouveau concept Tartine&Chocolat pour bébé qui voit La VIE EN VERT. Les PLAQUES en acétate sont en effet labélisées bio. Elles proviennent en grande majorité de chez MAZZUCCHELLI. « LE matériau utilisé est DU M49, un thermoplastique écologique innovant qui est composé d’acétate de cellulose et d’un plastifiant d’origine naturelle. Il est NON toxique et non polluant. La coloration est également végétale », détaille-T-ON chez OPAL. Du côté de SAFILO, après deux ans d’expérimentations en laboratoire, un process de production dit « 100 % nickel free » A été officialisé sur le site de LONGARONE. « Nous sommes en mesure de mettre en œuvre des processus de galvanisation exemptes le nickel et de cyanure libre , sur toutes les lignes production », faisait savoir le fabricant en début d’année  littérale. DE FAIT, même Si LE contact direct avec la peau est modeste, les lunettes comptent parmi les objets susceptibles de coder une allergie au nickel ou une dermatite allergique de contact, dont les effets indésirables rongeurs, IRRITATION et eczéma. De plus, les Sels de nickel utilisés dans les bains de galvanisation sont placés parmi les substances cancérigènes par inhalation et donc soumis à de strictes mesures the prévention et De protection pendant leur manipulation en raison des dommages qui pourraient dériver. Enfin, il y a quelques jours, Safilo annoncé qu’a partir de l’automne 2019 tousses supports marketing seront conçus dans des matériaux (papier, bois, etc.) certifiés FSC, acronyme de la Forest Stewarship Coucil, organisme indépendant à but non lucratif qui veille à l’exploitation non raisonnée des forêts. « Cette certification devient de plus en plus pertinente auprès des consommateurs sensibles aux produits fabriqués par des marques respectueuses de l’environnement », a commenté Safilo. On peut aussi évoquer l’initiative de Frod’s Lunetterie, sur le mode « rien ne se perd, tout se recycle ». Florent Robaut, l’opticien normand qui se trouve derrière cette marque, milite pour la consommac’tion depuis longtemps, a travers la valorisation de la fabrication française ou, depuis peu, le recyclage. Il a récemment mis en place un process qui lui permet de réutiliser 90 % de ses déchets industriels les transformant en bijouterie fantaisie ou en environnement-produit pour créer un univers chez les opticiens revendeurs.

 

 

JETER LES LENTILLES USAGÉES : SENSIBILISER LES PORTEURS AUX BONS GESTES

Petits objets du quotidien, cotons-tiges, toilettes et autres pailles sont, on le sait, de plus en plus mal vue car non biodégradables. Le cas des lentilles de contact ne fait pas exception. Une équipe de chercheurs américains de l’Arizona State University, qui abrite le centre d’ingénierie de la santé environnementale, a en effet relevé que les porteurs avaient trop souvent tendance à jeter n’importe ou leur lentilles usagées « Nous constatons que 15 à 20% des porteurs de lentilles jettent chaque année jusqu'à 3 milliard de lentilles dans les égout », faisait remarquer le chercheur Charlie Rolsky, lors d’une présentation en Aout 2018 devant l’American Chemical Society. C’est une proportion importante quand on sait que 45 million d’américains sont adeptes de ce type d’équipement. Résultat, jusqu'à 23 tonnes de lentilles se retrouvent chaque année dans les eaux usées échappant, car trop petite, à la filtration dans les stations d’épuration. D’ou la présence, problématique, de fragment de lentilles observées dans le milieu aquatique, particulièrement nocifs pour les poissons qui confondent ses particules avec du plancton. Les auteurs de cette étude appellent donc les fabricants à mettre l’accent sur la sensibilisation pour éliminer correctement les lentilles usagées.  Et faire ainsi entrer les porteurs dans un cercle vertueux. Ils recommandent notamment qu’un mode d’emploi joint au produit de contactologie spécifie systématiquement que les lentilles doivent ne doivent être rejeté ni dans les toilettes ni dans les éviers, mais à la poubelle. Un message que les professionnels de la vision, opticiens en tête, peuvent évidemment, même en France, Relayer… Johnson & Johnson, en tout cas, s’est attelé aux problèmes en mettant sur pied un programme – uniquement au Royaume-Uni pour le moment–qui entend permettre aux quelques 3,7 millions de porteurs de lentilles que compte ce pays de recycler leurs produits ainsi que les emballages. Chez certains opticiens optométristes d’outre manches, des urnes de recyclage sont mises à disposition de la clientèle. Idéalement pour un bon maillage du territoire, 1000 lieux de collecte devraient voir le jour à terme.  Pour l’heure, on ne connaît pas encore les résultats concrets de ce dispositif, inaugurée il y a quelques mois, mais les consommateurs british semblent volontaires, selon Sandra Rasche,  Vice présidente de Johnson& Johnson Vision des régions Europe, Moyen-Orient et Afrique : «77 % des porteurs de lentilles de contact britannique ont déclaré qu’ils recycleraient leur lentille de contact s’ils le pouvaient,  et nous partageons leur intérêt pour la réduction de la quantité de plastique dans l’environnement ». 

 

 

Les industriels du verre se met au vert

 

lampe écolo

 

Autant que faire se peut, les industriels du verre cherchent eux aussi à réduire leur impact environnemental en faisant évoluer leurs modalités de production.  Une récente visite, c’était en mai sur les sites de BBGR à Provins nous a permis de constater les progrès dans ce registre. Le laboratoire a investi dans les machines de l’équipementier Satislow qui n’utilisent pas de métal fusible, contenant et du plomb et cadmium, comme c’est encore le cas sur d’autres appareils de blocage. Entre le verre en palet et la bague de blocage, c’est désormais une colle synthétique qui remplace ce métal toxique, comme nus l’a expliqué notre guide sur place, Franck Paggetti. Et le directeur des opérations du site BBGR d’attirer aussi notre attention sur la nouvel machine Losma utilisée pour centrifuger les effluents industriels de surfaçage, autrement dit les copeaux de verre et de l’eau. « L’eau est ainsi mieux filtrée et réutilisée. Les copeaux étant compactés, cela réduit le volume des déchets », précise l’intéressé. Dans ses objectifs à court terme sur l’étape de surfaçage, le site de Seine-et-Marne souhaiterait descendre sous le seuil de 0.5 litre/verre, contre plus de 1 litre en 2015. Chez Essilor aussi, on a revu le processus de la phase de blocage, et ce dans les conditions similaires. « Le nouvel atelier de surfaçage du laboratoire de Lyon a été inauguré le 19 Decembre après plusieurs mois de préparations. Un projet conséquent apportant à la fois une réduction de l’impact sur l’environnement et de nouvelles performances pour l’outil industriel du site, qui lui permettront de relever les challenges de demain », résume Émilie Derigny, responsable de la communication chez Essilor France. Concrètement, le laboratoire de Vaulx-en-Velin comme, depuis le mois de Septembre, celui d’Antony dans les Haut de Seine, ont adopté la technologie dite ART (Pour Alloy Replacement Technology) qui supprime la présence de métal fusible au blocage. Cette disposition intervient alors que la réglementation Européenne interdisant le cadmium et le plomb entrera en vigueur, rappellons-le, en 2020. Chez HOYA également, on s’efforce de mettre en application « philosophie environnementale ». Une charte a d’ailleurs vu le jour il y’a quelques années qui comprend « tous les règlement précisant l’optimisation des conditions de travail, le respect de la santé et les actions en faveur de l’environnement », nous a t-on expliqué. C’est ainsi, par exemple, que que les sites de fabrications approvisionnant le marché hexagonal disposent notamment des certification ISO 140001 et ISO 50001 sur le management optimisé de l’énergie. Dans ce cadre, l’utilisation des matière premières et la valorisation des dechets font l’objet d’une attention particulière. Plus concrètement, le site d’Émerainville recycle chaque année 25,8 tonnes de cartons, d’autres part pour traiter chaque commande, l’usine francilienne a réduit de moitié sa consommation en eau « Des contrôles systématiques sont effectués tout au long de la chaine de production. Les tuyauteries sont enterrées sont remplacées par des réseaux de surface, pour une meilleure maintenance et des interventions rapides le cas échéant. La qualité de l’eau est ajustée si nécessaire en fonction des différents procédés. Par exemple, pour l’eau qui passe de la machine Taiyo Kogyo vers la machine de lavage Usseti, la consommation a été réduite de 2/3 », nous détaille le service communication d’Hoya France.

 

 

UNE PAIRE DE LUNETTE ACHETÉE, UN ARBRE PLANTÉ

 

lunette acheté = arbre

 

Acheter une paire de lunette peut il contribuer à reforestation ? C’est en tout cas l’argumentation de certaines marques pour donner du sens à l’achat d’une monture. Le récent partenariat de Shelter, marque Française spécialisées dans le bois, avec Ecotree illustre cette approche. Ce site permet au Particuliers d’investir dans l’achat d’un ou plusieurs arbres afin de lutter contre la déforestation et préserver l’environnement. En donnant 3 euros à Ecotree, les clients peuvent contribuer à planter un arbre en France et compenser ainsi l’emprunte carbone due à al production des lunettes. Pour les dernières soldes d’hiver Shelter a pris le parti de ne pas baisser ses prix dans le but de pouvoir acheter deux arbres à chaque paire de lunette vendue. À travers le projet Eco, la marque italienne Modo s’est également impliquée, et de longue date, dans cette voie. Dès 2009, le programme baptisé « une monture, un arbre » a vu le jour en partenariat avec l’ONG « Tree for the Future ». La vente des modèles Eco, fabriqués à base de matière végétales ou recyclées, contribue ainsi depuis des années à revitaliser des terrains en friche au Cameroun : dans ce seul pays, pas moins d’un million d’arbres ont ainsi été plantés. Impossible de les citer toutes, mais de très nombreuse autres marques recourant au bois sont investies dans des projets de reforestation menés avec l’appui de pépiniéristes locaux ou bien associations spécialisées dans le reboisement des forêts.

 

 

LE RECYCLAGE SE GÉNÉRALISE

 

L’option du recyclage des montures usagées ou inutilisées est également une initiative parmi d’autres que nous nous engageons à suivre. Selon les chiffres d’une enquête réalisée en 2015, quelques 100 millions d’équipement dorment dans les tiroirs des Français. Ce sont des lunettes là oubliées, que l’on cherche à récupérer auprès du grand public, dans un but de recyclage en association avec l’Ordre de Malte. Depuis 3 ans (les début de Barnacle Optic), nous avons envoyés 200 paires à l’associations qui les répertorie et les trie par catégorie (solaire, enfant, adulte…). Nettoyées, elles sont ensuites testées pour identifier la puissance des verres puis reconditionnées et expédiées dans 56 pays en voie de développement.

 

Mais si vous voulez voir des lunettes en bois c'est par là ;) 


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